
L’entreprise noyonnaise Agesys a mis en place un réseau social interne où chacun des employés y va de ses posts, commentaires et smileys. De quoi voir si un projet plaît ou pas.
Une prime de 150 euros attribuable à n’importe quel salarié par l’un de ses propres collègues, parce qu’il l’a aidé : sûr que l’idée, mise en place par l’entreprise noyonnaise Agesys, a recueilli beaucoup de mentions « J’aime ». Les 52 collaborateurs de cette société de service informatique et leur dirigeant ont décidé de tester le management par le « like », selon le modèle de Facebook : des posts annoncent les projets de la maison via un réseau social interne, hébergé par le site yammer.com, et chacun peut y aller de son commentaire, de ses réponses, et cliquer, ou non, sur le symbole du pouce levé. « Nous voyons tout de suite si une idée d’entreprise suscite ou pas l’adhésion , témoigne Christophe Thuillier, le fondateur d’Agesys, dont le siège a rejoint Noyon en 2012. Ici, c’est devenu un outil à la fois pour les managers et les collaborateurs ».
« Si quelqu’un préfère le langage SMS, il ne doit pas s’en priver »
Exemple ? « Pour les 20 ans de la société, il a été proposé de reconstituer entièrement un bureau de 1998, puis de créer un événement par mois. Ça a vite plu ». D’autres sujets de discussions virtuelles sont plus stratégiques : une quinzaine de petits groupes de sept à huit salariés volontaires publient à longueur de semaine leurs propres idées sur des thèmes tels le travail à distance, la gestion de l’erreur ou le client heureux… C’est au capitaine de ces cellules de mesurer ensuite l’opinion sur chaque proposition, via yammer. En bannissant à la fois la censure et les commentaires anonymes : « Certains hésitent à participer, par peur du jugement des autres sur le style et l’orthographe. Nous avons convenu que seul le message comptait , glisse Christophe Thuillier. Si quelqu’un préfère le langage SMS, il ne doit pas s’en priver ».
Faut-il y croire ? Une partie de la réponse est donnée par l’Indice du bien-être au travail (IBET), un indicateur calculé chaque année pour de nombreuses entreprises françaises par le cabinet d’audit Mozart Consulting, à partir de données concrètes. À savoir le nombre de jours d’arrêt maladie, le turn-over ou la quantité d’emplois précaires. Fin octobre, Agesys a reçu une bonne note pour 2016 : 87 % à l’IBET, ce qui correspond à une « bonne pratique » de management, l’équivalent d’un sept à huit sur dix. Loin, très loin de la situation supposée d’« épuisement » des salariés pour un IBET compris entre 60 et 65 %. « Nous avons très peu de turn-over. D’après ce cabinet, les économies générées s’élèvent à 43 000 euros par an , précise Christophe Thuillier. Le management horizontal, c’est un des moyens d’arriver au bien-être ». Et de faire apparaître les smileys sur les écrans.
Le management par le « like », testé depuis 2012 par Agesys, tend à se développer, estime Serge Biyong, consultant en management et fondateur du cabinet H&C Conseil, installé à Cannectancourt, dans le Noyonnais. « Les réseaux intranet ont été vite vus comme un outil pour s’exprimer, informer et débattre. Je viens moi-même d’une entreprise, dans le domaine des matériaux hydrauliques, qui fonctionnait de cette façon. Il y a de plus en plus de sociétés qui laissent s’exprimer leurs collaborateurs via un support commun, constate le consultant. C’est bénéfique, notamment pour tous ceux qui ont du mal à parler en public. Comme sur Facebook, ils peuvent, de cette manière, se sentir ‘‘protégés’’ par l’intermédiaire de l’écran. Or, le bien-être de chacun est essentiel pour la pérennité d’une entreprise. Une prise de conscience est en train de s’opérer en France. »
Source : À Noyon, les salariés invités à cliquer sur ’’J’aime’’ – Le Courrier Picard
Poster un Commentaire